rayonnement littéraire et artistique

La poésie de Boris Gamaleya,inspirée par le destin tragique de son île entre forces telluriques et cosmiques, connaît un rayonnement aux multiples formes. Avec sa production d’une œuvre singulière et son imaginaire si fécond, Boris au terme de son parcours, devient pour tous, l’homme d’une haute conscience réunionnaise.

les premières études à l’université de la réunion

Au moment de prendre sa retraite d’enseignant en 1987 puis après son installation à La Plaine des Palmistes en 1990, Boris laisse «le bruit et la fureur» aux plus jeunes pour se consacrer pleinement à l‘écriture.

A cette période, de jeunes écrivains tel Axel Gauvin ou poètes comme Carpanin Marimoutou ou encore Patrice Treuthardt ont déjà été touchés par les textes de Boris Gamaleya et stimulés par le travail collectif des revues culturelles (cf. Engagements). Les plasticiens Agatha Eristov et Alain Séraphine qui illustrent avec grand talent les couvertures des premiers ouvrages de l’auteur  (A. Eristov  pour La Mer et la Mémoire ; A. Séraphine pour Le Volcan à l’envers) évoluent dans des univers parallèles à l’auteur. Le peintre William Zitte se montre sensible à l’imaginaire du poète. En musique, le groupe Ziskakan traduit musicalement un de ses poèmes ; Danyel Waro, se dit proche de ses combats autour du « maloya »,  de même que Filip Barret dans l’univers du jazz en fusion.

L’abondante production de Boris dans les années 1990 va accroître peu à peu son influence. Absorbé par sa création sous la protection du rempart de la Petite Plaine et avec le soutien sans faille de son épouse Clélie elle-même auteure (Filles d’Héva : trois siècles de la vie des Femmes à la Réunion, 1984, réédité en 1991 puis en 2007, Océan éditions, et L’île oubliée, 2001, Océan éditions), ses nouveaux écrits témoignent d’une intense créativité. Des visiteurs, amis, poètes, étudiants, passent de temps à autre.

La poésie de Boris Gamaleya commence à devenir un sujet d’étude à l’Université de la Réunion. Des enseignants de littérature analysent avec passion et minutie les créations novatrices et quelque peu déroutantes de l’auteur. Des étudiants, tels Michel Beniamino, ou plus tard Marie-José Matiti-Picard, se lancent dans des maitrises sur ses écrits avec l’appui de leurs professeurs (notamment Daniel-Rolland Roche, puis Carpanin Marimoutou). Ils voient leurs travaux publiés : «La légende des cimes. Lecture de Vali pour une reine morte de Boris Gamaleya» de Michel Beniamino, publié par l’ADER en 1992 (Cahiers TI-KABAR N°11) ou Marie-José Matiti-Picard, dont la maîtrise «Le Volcan à l’envers» de Boris Gamaleya ou la traversée avec le diable : pour une réécriture de l’histoire et une reconquête de l’identité, mémoire de maîtrise, 1999, université de La Réunion fait l’objet d’un article remarqué dans l’ouvrage collectif co-édité par Françoise Sylvos et Marie-Françoise Bosquet, Magma Mater : l’imaginaire du volcan dans l’océan Indien, Paris, Le Publieur (Bibliothèque universitaire et francophone), 2005.

La Légende des cimes, une étude du vocabulaire de “Vali” par M. Beniamino pour les lecteurs curieux de percer les mystères de l’ouvrage culte de Boris Gamaleya publiée en 1973

la reconnaissance hexagonale des années 2000

À partir des années 2004, une nouvelle étape du rayonnement de l’œuvre poétique de Boris Gamaleya est franchie, qui s’étendra au-delà de La Réunion.

Ces années sont foisonnantes et fécondes à plusieurs titres, d’abord par l’édition de deux recueils majeurs L’Arche du comte Orphee ou les ailes du naufrage (2004) et de Jets d’aile. Vents des origines (2005) mais aussi par la reconnaissance nationale et européenne dont Boris Gamaleya fait alors l’objet. L’université de Nice, sous la houlette de Patrick Quillier, organise les 25-27 novembre 2004 le colloque «A ciel ouvert avec Boris Gamaleya» suivi de performances artistiques sur et avec le poète. Ce colloque associe plusieurs intervenants venus de France, d’Europe et de l’Océan Indien (Boris Gamaleya, les polyphonies de l’extrême, sous la direction de P.Quillier et D. Ranaivoson, SEPIA, 2011). Huit mois plus tard, Boris Gamaleya  est  présenté le 21 juin au Centre national du Livre avant d’être accueilli comme invité d’honneur du 23 au 26 juin au Marché de la Poésie, Place Saint-Sulpice, à Paris, et enfin à la Maison de la Poésie, le 26 juin.

“Les Polyphonies de l’extrême”, Somme passionnante de savoirs universitaires sur les textes de Boris parus entre 1973 et 2004 rassemblés et refondus après le colloque international de Nice consacré à Boris Gamaleya en novembre 2004.

influence sur les nouveaux créateurs réunionnais

À la Réunion, des créateurs s’emparent de l’œuvre de Boris Gamaleya pour lui donner une autre vie, ce qui va aider à la faire connaître au-delà des milieux universitaires.

Dans le monde de la littérature, Francky Lauret se sent une filiation avec le poète. Des poétesses et romancières telles Monique Mérabet, Céline Huet et Monique Séverin disent combien leurs œuvres ont tiré profit des lectures des textes de Gamaleya. Plus récemment, la plus récente fiction de Pierre-Louis Rivière (Vertige, 2020) est fortement inspirée de l’histoire familiale de Boris Gamaleya.

Les plasticiens ne sont pas en reste. Rappelons l’hommage rendu début 2019 par Vincent Mengin au poète sous la forme d’une sculpture minérale posée au milieu de l’exposition dédiée à Boris Gamaleya par Bernard Hoarau à la Médiathèque du Tampon. Le grand sculpteur Jack Beng-Thi vient de consacrer un de ses nouveaux grands livres sculptés  au poète. Parmi les jeunes plasticiens inspirés par l’œuvre de Gamaleya, citons Karel Pérussot dont les dessins illustrent avec élégance le bestiaire gamaleyen.

En musique, le compositeur  Filip Barret promeut plusieurs œuvres de Boris Gamaleya : tout d’abord Vali pour une Reine morte avec «La voix du tambour» présenté à Villèle à l’occasion du 20 décembre 2008. Viennent ensuite plusieurs poèmes –musique et voix- de  Piton la nuit (2009) puis enfin « 7 poèmes de feu » (poèmes de Gilbert Aubry et Boris Gamaleya) mis en musique et voix pour la scène du théâtre en plein air de Saint-Gilles (novembre 2011).

De premiers films commencent à être consacrés au poète ou plus largement à son histoire singulière, soit sous la forme de documents d’archive en diffusion restreinte (tel le film de Daniel-Rolland Roche en 2004), soit pour le grand public (L’île perdue de Caroline Rubens, 2010 ; Le chant des ravines de Véronique Précourt, 2018).

pour une meilleure connaissance du poète

Dans la sphère éducative, le Rectorat de la Réunion fait connaitre le nom du poète, par la création du Prix littéraire des collèges «Boris Gamaleya» (2018). Pour la troisième année consécutive, en 2021, le prix récompense la jeune création littéraire en langue française et en langue créole portant sur l’univers réunionnais.

Des sites de critique littéraire et de promotion culturelle de qualité traitent avec précision l’œuvre et le parcours de Boris Gamaleya. C’est d’abord le cas du site dédié aux littératures des mondes insulaires francophones D’île en Ile,  animé par Thomas C. Spear, qui présente notamment une longue interview dense et éclairante, structurée en cinq points, tournée chez Boris Gamaleya à La Plaine des Palmistes (2009). De son côté, le site de 7 Lames la mer de Nathalie Valentine Legros publie une interview chaleureuse et des photos de Boris avec Jean-Claude et Nathalie Valentine Legros à la même période.

La Décade Boris Gamaleya compte avec la diversité des évènements prévus du 21 au 30 septembre 2021 poursuivre cette nécessaire promotion de l’œuvre de notre grand poète.